Adieu petit décembre,
il est grand temps maintenant, grand temps que tu t'en ailles.
Reprends ton froid mordant et tes bises glaciales, serres bien le noeud de ton baluchon et va-t'en...
N'oublies pas tes lumières artificielles, celles qui n'auront pas réussi à réchauffer mon corps, emporte aussi la musique, les rires, les flons- flons de la fête.
Tu as piétiné mon corps tout entier, tu l'as brisé en petits bouts de rien du tout, il est vraiment temps que tu partes, que tu me laisse un peu de répit... que je reprenne quelques couleurs et que je recolle les morceaux brisés de ma vie.
Adieu petit décembre,
va t'en et ne reviens jamais.
Je ne t'oublierais pas même si j'essaierais;
La nuit, dans la moiteur de mes cauchemars, je me battrais contre toi, de toutes mes forces et quand je me réveillerais au blême matin, je croirais, essouflée et épuisée que tu n'as jamais existé... que tout cela, finalement n'était qu'un mauvais rêve de plus, et puis, au bout d'une longue et cruelle seconde, tu me reviendras en pleine figure, plus cinglante qu'une gifle...
Petit décembre, adieu...
Il faut y aller, tu ne crois pas?
Tu as gagné, tu sais?
Tu colleras toujours à ma peau, comme une ombre noire, tu me suivras partout, tout les jours.
Je garderais en mémoire ton odeur et le goût de toi, je me souviendrais de tout, je te porterais comme un collier autour du cou, quelque chose qui dira que je t'appartiens après tout ça...
Adieu petit décembre,
j'ai emballé moi- même tes dernières affaires, j'ai bouclé ta valise, je te jettes dehors.
J'ai commencé à t'enfouir dans une petite boîte... tu n'y seras pas seul, j'y ai ajouté les mots entendus et ceux attendus et qui ne sont pas venus, j'y ai mis les dures images, les odeurs, la violence, la lumière trop blanche, j'y ai mis la petite fille que j'étais avant, des souvenirs, des photos, une voix qui m'interpelle...
Je t'ai enfouis dans une boîte, que je cacherais dans le coin le plus reculé et le plus sombre de mon coeur. Quelques fois, je le sais bien, je reviendrais la caresser du bout des doigts, en pensant, le coeur au bord des yeux, à ce que tu m'as pris ce jour là...
Adieu, petit décembre. Je te déteste à tout jamais, toi qui m'as pris mon Papa.